Le KiwiSaver pourrait bien changer l’avenir économique de la Nouvelle-Zélande. Selon Sam Stubbs, directeur du fonds d’investissement Simplicity, les gestionnaires KiwiSaver pourraient mobiliser près de 295 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années pour financer des projets locaux. Routes, transports publics, énergie, hôpitaux, écoles… les besoins sont immenses. Et cette somme “astronomique” pourrait suffire à combler le déficit d’infrastructures du pays, sans recourir à l’argent étranger. Notre équipe fait le point avec vous.
Le KiwiSaver en bref
Le KiwiSaver est un système national d’épargne-retraite volontaire mis en place par le gouvernement néo-zélandais. Salariés, indépendants et étudiants peuvent y cotiser régulièrement, mais pour la plupart des participants, le KiwiSaver est directement lié à leur emploi. Les cotisations sont prélevées sur le salaire et complétées par une contribution de l’employeur. Chaque salarié peut choisir un fonds KiwiSaver en accord avec ses valeurs. L’épargne accumulée est ensuite investie par des gestionnaires agréés dans une variété de placements financiers, dans le but de préparer la retraite des Néo-Zélandais.
Un potentiel encore largement sous-exploité
Aujourd’hui, environ 30 % des fonds KiwiSaver sont investis en Nouvelle-Zélande. Si cette proportion se maintient, elle représenterait 295 milliards disponibles dans les 25 prochaines années. Sam Stubbs est catégorique : « Kiwisaver est le plus grand gisement de capitaux que nous aurons jamais. Je suis prêt à parier que les plus grands investisseurs dans les infrastructures en Nouvelle-Zélande dans 30 ans seront les gestionnaires de KiwiSaver, et non des propriétaires étrangers ».
Pourquoi cibler les infrastructures ?
Une grande partie des fonds KiwiSaver est actuellement placée sur des marchés financiers internationaux. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour réorienter une part de ces investissements vers des projets locaux, notamment :
Stimuler la croissance économique et l’emploi,
Améliorer la qualité de vie des citoyens,
Offrir des rendements stables et durables aux épargnants.
Un double bénéfice : préparer la retraite des Néo-Zélandais tout en finançant les infrastructures dont le pays a cruellement besoin.
Quelles utilisations pour ces capitaux ?
Trois grands secteurs pourraient absorber ces capitaux massifs :
Les infrastructures : routes, ponts, centrales énergétiques, transports publics,
Le logement, pour répondre à une demande croissante,
Le secteur bancaire, via la recapitalisation d’une ou deux grandes banques – bien que cela ne représenterait qu’une faible part des fonds.
Des pays comme l’Australie et Singapour montrent déjà l’exemple : leurs fonds de pension ont massivement investi dans les infrastructures, stimulant leur croissance et garantissant la propriété locale des actifs stratégiques.
Un avantage stratégique pour la Nouvelle-Zélande
Au-delà des chiffres, Stubbs souligne deux points majeurs :
Moins de risques : pas de risque de change, peu de risques politiques et des attentes de rendement plus réalistes que celles d’investisseurs étrangers,
Propriété locale : les actifs resteraient entre les mains des Néo-Zélandais, assurant des bénéfices à long terme pour le pays.
Malgré l’enthousiasme de Sam Stubbs, qui estime que la Nouvelle-Zélande s’apprête à connaître une véritable renaissance économique grâce à l’épargne record des Kiwis, le gouvernement reste pour l’instant prudent. Bien qu’une consultation ait été lancée en mai, aucune décision concrète n’a encore été annoncée.